Exposition Cuenca 1991

Exposition Cuenca 1991

Exposition Cuenca Couvent des Carmélites

Une figuration qui se cache

La figuration de Katherine Théron – c’est Maria Calvet qui l’affirme – « parait s’évader sous les couches de peinture ». Derrière quoi, l’auteur du prologue de son catalogue de l’exposition de peintures et sculptures de K.Théron (Salle d’exposition du Conseil Régional de Cuenca dans l’ancien Couvent des Carmélites) ajoute: « mais non, ses figures sont bien là, fortes et vigoureuses sous l’apparence de dé-figuration. Différentes formes humaines qu’elle-même décrit comme « Figures en danses rituelles » sont venues remplacer les natures mortes et paysages antérieurs. Ce sont des corps grands, voluptueux, solides, de rondeurs qui évoquent des invitations érotiques, parfois dans des formats presque démesurés. Et envahissant tout, filtrant ou dissimulant, des couleurs puissantes. La dé-figuration dont parle M. Calvet qui n’a pas peur de qualifier l’œuvre de l’artiste établie à Madrid depuis 1981, d’expressionnisme fauve. Expo jusqu’au 21 juin.

(Cinco Dias du 14 juin 91 de Borja Acuña)

 

Katherine Théron, figures en rituel

Née en France mais vivant en Espagne depuis dix ans, Katherine Théron est une peintre et sculpteur figurative dont l’oeuvre commence à être connue du public espagnol, comme synonyme d’un art de qualité qui se présente à tous en pleine maturité expressive.

Grâce à l’aire culturelle de la Diputacion de Cuenca on peut voir en ce moment dans les salles de l’ancien Couvent des Carmélites une grande exposition d’œuvres réalisées dans les deux dernières années, avec des peintures à l’huile et techniques mixtes, et une sculpture en bois dont le dénominateur commun est la figure féminine – presque toujours nue – en attitudes que la propre artiste décrit comme de « danse rituelle » et qui, au fond, obéit à un vitalisme presque sauvage dans lequel on y devine un plaisir sensible non idéalisé, qui se reflète par des couleurs savoureuses, un dessin opulent et une forte charge érotique.

C’est aussi une peinture de transparences qui enrichissent les couleurs des tableaux de grand format, peut-être imprégnés d’expressionisme fauviste, qui se délecte dans un trait vigoureux, avec brio, dissimulé par cette apparente dé-figuration qui s’entrevoit sous la couleur et en lutte avec elle. Katherine Théron, écrit, Maria Calvet, est « une peintre totale et une bonne peintre. Elle l’est pour son sens de la couleur, pour la richesses de ses glacis et textures, pour la vaillance de ses compositions, pour la véhémence que l’on devine quand elle attaque la toile. » Le résultat final est cette œuvre vibrante et sensible en même temps.

(Cuenca EL PUNTO 14 juin 91 Daimiel)

 

 

Katherine Théron,

Comment ça va, Paris?
Elle n’aime pas trop parler de sa peinture cette parisienne petite et vive qui nous est arrivée ces jours-ci d’Alpedrete (Madrid) pour accrocher ses nus dans les anciennes salles voûtées du couvent des carmélites à Cuenca.

Si ce n’avait été cette circonstance un peu impudique (mais incontournable) de montrer et de se montrer, nous n’aurions pas su, que passés les 32 ans elle décida d’abandonner les Gaules et de faire route vers le sud. On sait bien comment sur nos voisins nous avons toujours produit un certain dédain empreint d’une secrète attraction. Théophile Gautier et Katherine Théron ont eu la même impulsion: découvrir ce qui faisait la veine latine, des emportements de génie au milieu des conditions sociales les plus précaires.

Bien sûr que Katherine arriva en 1981 et ce n’était pas le Madrid du Mesonero Romanos. S’européaniser a souvent voulu dire que les chercheurs d’essence en sont restés pour leur frais.

Que doit avoir Madrid pour que, une fois ici, elle aie eu cette envie de peindre? Son intégration au pays est aussi évidente que sa facilité à parler la langue, sans aucun accent, en conservant peut-être quelques gestes à la Gabin ou à la Belmondo. Et c’est possible qu’un effet de mimesis se soit fait par rapport au phénomène artistique.

C’est ainsi, qu’elle n’était pas installée depuis un an, qu’elle présentait ses tableaux dans deux expositions collectives à Bilbao et Cadaquès (tout est dit, Dali, son aura, se coller aux ombres les plus belles). Les autres viendraient de soi: Kanagawa au Japon, Madrid, Alcala de henares, Puertollano, Zurich et bien-sûr Paris (en 85 le Salon de la jeune Peinture et en 90 la Biennale des femmes peintres et sculpteur au Grand Palais).

Ses expositions individuelles remontent à 83. Avant Cuenca elle est passée par les galeries de Madrid, San Fernando de Henares, Ciudad Real, Linares et Coslada.

Ses techniques? Pratiquement toutes, comme il convient à quelqu’un qui ne met pas de limites à son esprit et met supports et procédés en adéquation à la brillance de l’idée. Gravures, huiles, dessins, taille en pierre et bois… Katherine Théron est toute une artiste, elle n’a pas de nationalité. Difficilement ses procédés pourraient être des sentiers battus.

(Article de Presse Nuevo Diario (del Jucar) le jeudi 13 juin 1991, par JJB)

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