Tableau  (-1)

Tableau (-1)

Tableau  (-1)

Si le tableau1 amorce  une étape nouvelle, quelle était la précédente (années 88-92)?

Je vais la qualifier d’expressionnisme religieux païen. Une explosion de vie, une expression forte dans la découverte du mystère de vie. Dans le catalogue qui illustre cette étape (exposition de Cuenca) j’avais mis en exergue cette phrase de Worringer : « chaque progrès intellectuel nous éloigne un peu plus du grand mystère de la vie et de la mort » et j’avais ajouté qu’il était urgent de le retrouver.

Et ce mystère passait d’abord par une affirmation de la féminité, un sexe de femme béant, une femme-paysage  fertile, des danses rituelles à résonance orgiaque avec des poitrines féminines volumineuses en balancement…

C’étaient des grands formats, avec des couleurs très fortes (bleus, turquoises, violets, verts, roses…) soulignées par un graphisme énergique. J’aimais bien en particulier un tableau qui par lui-même tournait sans jamais se stabiliser.

La réflexion d’un ami m’avait interpellée : « heureusement que je te connaissais avant de connaître tes tableaux (petite, douce et tranquille) ; sinon j’aurais fui cette peintre que j’aurais imaginé à travers sa peinture : une grande femme genre cheval, violente et dévoreuse d’hommes. » Cela m’avait beaucoup fait rire. Moi je n’y voyais que la gaîté vitale et une matière picturale appétissante.

Un titre revenait souvent aussi qui, relu avec le recul de la conversion, pourrait interroger. Trinité. Des personnages, des têtes, apparaissaient et en général au nombre de trois… et alors j’appelais le tableau Trinité ; sans autre question, sans autre réponse.

 

Quel a été le déclic pour passer à l’étape suivante ? Il faudrait sûrement chercher la réponse dans les mystères de l’inconscient. Si cela avait de l’intérêt, j’irais peut-être y voir, mais ça n’en a pas. Je n’avais sûrement plus rien à dire de ce côté là. J’avais autre chose à dire autrement et j’ai laissé ma main, ma palette et mon cœur faire autre chose. J’étais appelée sur d’autres chemins. C’est peut-être cela.

KT 2001

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