La peinture ou l’art de la question

La peinture ou l’art de la question

 

La nouvelle exposition attendue de Katherine Théron dans sa région d’adoption, le pays de Lure, pousse à se poser trois questions:

–                    Peindre serait-il l’art de donner forme à cet inexprimable?

–                    La peinture est-elle l’art de donner forme à cet inexprimable?

–                    Le peintre n’est-il pas, dans ce cas, condamné à être le miroir de cet inexprimable?

Théoriquement et subsidiairement, les lumières du critique ne devraient-elles pas se rapprocher des connaissances de l’artiste de façon à lui permettre, avec humilité, de faire œuvre de guide comme d’autres font œuvre de maîtres?

Si ce dernier hésite entre la défense de l’art ou de l’artiste, c’est qu’il n’y a ni art, ni artiste, ni critique.

La peinture n’est-elle pas enfin la seule forme d’expression qui ait supporté le mensonge, la tricherie, la médiocrité, le snobisme (ce qui revient au même)?

Car elle utilise la matière, élément taillable et corvéable à merci sans l’esprit rebelle du mot ou de la note.

Le « mauvais peintre » trouvera toujours le « mauvais client » et ainsi les deux s’en iront de cette façon fort rassurés.

 

Katherine Théron échappe aux pièges

 

Touche à tout, fusain, gravure, crayon, pastel, par devoir et par nécessité professorale, peintre aux multiples facettes, intelligence avec son art oblige, diplômée des Beaux Arts de Paris et Madrid, Katherine Théron a cheminé d’un figuratif opaque à l’abstrait, pour en revenir à un figuratif transparent.

Ce passage d’une forme à l’autre a souvent autorisé un saut par la fenêtre par le bris du cadre de l’interprétation.
Ceci permettant à l’artiste, épuisée de liberté, de nouveau à portée, de revenir vers l’amateur d’art par la porte de service, celle qui donne directement sur la sensibilité, faisant de celui qui a raté la première marche, un mutilé de l’art contemporain.

Imaginant, à raison, que l’abstrait est trop souvent devenu le refuge de faux artistes, Katherine Théron en est revenu à ses amours premières et projette son public par cette exposition sur la trajectoire qui a donné à ses natures mortes, comme à ses corps et paysages aujourd’hui absents, tout leur côté inexprimable, traduisant ainsi leur vie profonde.

« Objets inanimés, avez-vous donc une âme? » demandait Lamartine? Oui, répondons-nous en chœur!

Jean-baptiste Chardin reconnaissait une personnalité à chaque objet. N’en peignait-il pas la vie silencieuse?

A regarder les chose présentées, végétales ou manufacturées, toutes les questions se sont effacées au profit de l’émotion, de l’envie de toucher, de l’envie de se demander tout d’un coup: C’est quoi une nature morte?

 

Exposition « Dix ans de Natures mortes  (pas si mortes que ça…) St Etienne-les-Orgues Février 96

Article de presse: R.I. D’ARGENCE  (Nice-Matin le 16/2/96)

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